Les derniers Z 5300 et les ‘rames inox budd’ Jouef

Plusieurs séries de matériel SNCF retirées du service font l’actualité cette semaine. Un matériel de banlieue, la Z 5300, une rame automotrice électrique caractérisée par une caisse en acier inoxydable, et les TGV du record du monde, dont nous reparlerons. Cette robe particulière a valu à toute la série Z 5 de recevoir une quantité inhabituelle de surnoms affectueux tels que « rame inox », « p’tit gris », « canette », « boîte de conserve » ou encore « couscoussière ». La Z5300 succède aux Z 3700 et aux Z 5100. Composées à l’origine de quatre caisses (dont une seule motrice), certaines Z 5300 ont été réduites à trois caisses. Leur réforme a commencé en 2003 et les Z5300 ont parcourus leurs derniers kilomètres le 8 décembre 2018.

Image Wikipedia Commons

La première sous-série des Z 5300 est construite de  à 1968. Elle est reconnaissable par l’encadrement des baies qui, des deux côtés, est similaire à celui des Z 5100.

Elles ont été d’abord affectées sur le réseau de Paris-Sud-Ouest à partir de 1965. Elles représentent à cette époque la modernité, remplacent avantageusement les Z 4100sur les dessertes banlieue, et permettent le retour des Z 5100 à Villeneuve-Saint-Georges dès 1967. Quelques rames sont aussi affectées sur le réseau de Paris-Sud-Est, pour la desserte de la banlieue, notamment sur l’axe Paris-Melun. En 1968, devant l’augmentation du trafic entre Paris et Orléans, il est décidé d’expérimenter une liaison express entre Paris-Orsay et Orléans. Pour ce faire, deux rames (Z 5333 et 5334) se voient retirer leurs deux caisses intermédiaires et sont autorisées à circuler à 140 km/h. Devant le succès tant technique que commercial, le service est étendu ​_en 1969 jusqu’à Tours et deux autres rames sont affectées à cette liaison, les Z 5360 et Z 5361 qui seront livrées directement sans les caisses intermédiaires.

Diagramme d’aménagement motrice Z 5100 (DR)

La deuxième sous-série est reconnaissable par l’encadrement des baies réalisé avec des bandes en néoprène. De plus, un côté possède une barre centrale pour permettre l’ouverture des fenêtres.

Livrées de 1972 à 1975 au dépôt des Ardoines, elles sont d’abord exclusivement affectées à l’exploitation du réseau Paris-Sud-Ouest. Elles permettent le départ de nombreuses rames de la première sous-série sur Villeneuve-Saint-Georges, ainsi que l’élimination des Z4100 de la banlieue en 1973. Devant le succès de la liaison express Paris-Orsay – Tours, les rames Z 5385, 5412 et 5428 se voient retirer leurs deux caisses intermédiaires et autoriser à 140 km/h. Cette configuration durera jusqu’en 1978 et la fin de cette liaison express pour permettre le projet Tranversale Rive Gauche. Les rames seront remise en configuration standard avec le retour des caisses retirées.

Les modèles réduits Jouef budd

Aucune Z 5300 n’a été reproduite en modèle réduit à notre connaissance. En revanche, les Z 5100 (et leurs remorques) ont été reproduites à l’échelle HO par les firmes suivantes :

  • Jouef (fabriquées de 1967 à 1988)
  • VB à partir de 1958
  • Les Éditions Atlas en 2015, dans le cadre de la collection « Automotrices des réseaux français » (modèle statique principalement en plastique).
Une voiture de Z 5100 de marque VB (photo DR)

Jouef a produit en plusieurs versions des reproductions de Z 5100. Les Z 5100 sont des automotrices en acier inoxydable construites de 1953 à 1958. Premier matériel moderne d’après-guerre, elles ont assuré des dessertes omnibus jusqu’en 1998, en particulier en banlieue sud de Paris. En 1967, le parc Sud-Ouest des Z 5100 a cédé la place aux Z 5300. Les éléments, ramenés à M+2R ont été répartis entre Montparnasse et le Sud-Est, permettant de compléter les compositions M+R restantes. Sur le réseau Sud-Est  circulaient des compositions jusqu’à 12 caisses.

On reconnaît aisément la différence entre les Z 5300 et les Z 5100 en observant le pantographe en forme de diamant des Z 5100 alors que celui des Z 5300 est de type ‘unijambiste’.

Chez Jouef, la Z5100 est d’abord commercialisée sous la référence 761 E Rame Inox Budd qui apparaît en coffret au catalogue 1968-69. Le coffret est composé d’une automotrice Z 5100 SNCF et d’une remorque d’extrémité ZR 5100 SNCF. La motrice est immatriculée Z 5154 SNCF. La remorque reçoit l’immatriculation SNCF« ZS15160 » inscrite en relief sur les flancs de la caisse. Le toit est peint en brun foncé et le châssis sous la caisse reçoit les inscriptions  JouefModèle déposé et Made in France.

La référence 761 E des rames Budd inox Z5100 jouef
La référence 761 E des rames Budd inox Z5100 jouef (DR)

La première version Jouef des Z 5100 est un modèle assez ‘jouet’ avec une mécanique bruyante et peu précise. L’entraînement moteur se fait par engrenages sur deux essieux bandagés. Le moteur est de type 12 volts 3 pôles. La gravure manque de finesse. Mais la boîte du coffret (similaire à celle des Picasso) est très esthétique et un ensemble complet et en bon état (de plus en plus difficile à trouver pour un ensemble commercialisé il y a presque 50 ans) est très prisé des collectionneurs. On trouve ce coffret sur ebay ou dans les bourses aux alentours de 75 euros, parfois un peu plus selon la demande.

Une voiture intermédiaire sera également commercialisée séparément par Jouef sous la référence 866 en 1967 puis 8660 dans les années 70. La voiture complémentaire, sans modifications substantielle de sa gravure apparaît ensuite à partir de 1976 sous la référence 5498.

Voiture intermédiaire Jouef Budd référence 5498 (DR)

Un coffret de trois voitures avec voiture intermédiaire et ovale de rails est commercialisé en 1971 (référence 7610 E)  sous le nom Régional Express puis en 1974 sous le nom Métrolor (référence 7630). Comme souvent avec Jouef les dénominations successives de ce modèle (Budd, Métrolor, etc) sont des plus fantaisistes. La marque reprends ici des noms commerciaux utilisés par la SNCF pour supporter régionalement la vente de ses modèles réduits : Métrolor, contraction de métropole et de Lorraine, est à la base le nom commercial donné à la desserte ferroviaire cadencée sur le sillon Mosellan entre Thionville, Metz et Nancy instaurée début 1970 et qui d’ailleurs, ne verra pas de Z 5100 mais des plutôt des Rame Inox Banlieue !

Un second coffret avec trois voitures sans rails est commercialisé dans les années 80 par Jouef – alors reprise par CEJI – sous la référence 8710 (apparue au catalogue en 1983). La mécanique est revue et le dessin affiné. Ce coffret se trouve généralement aux alentours de 90 euros lorsqu’il est en bon état et complet, et c’est probablement le plus intéressant (pour ses qualités mécaniques) à faire rouler sur un réseau. En effet, la motorisation est désormais séparée du captage de courant (qui se fait sur les essieux arrières de la motrice) ce qui permet de bandager les 2 essieux moteurs avant.

On voit ici encore le caractère atypique de la marque Jouef pour le collectionneur, avec des modèles qui 50 ans après leur mise au catalogue, restent à la fois uniques, et très abordables sur le marché de l’occasion. De très nombreux modélistes utilisent d’ailleurs ce modèle comme base de superdétaillage avec des résultats souvent très spectaculaires (voir ici,  également sur ce site qui présente une amélioration mécanique, ou encore sur cette page personnelle  qui propose un détaillage très riche incluant pantographe, attelages, et illumination).

Sources :

Diverses références : http://lestrainsjouef.free.fr/fr/elec_fra/z5100_sncf.html